Le risotto al nero di seppia est une spécialité incontournable de la Vénétie et plus particulièrement de la lagune vénitienne. Préparé avec du riz carnaroli ou vialone nano, il se distingue par sa couleur noire intense donnée par l’encre de seiche, ingrédient précieux et typique des cuisines maritimes.
Ce plat reflète l’âme de Venise : à la fois raffinée et ancrée dans la mer.

La texture crémeuse du risotto, obtenue par une cuisson lente et patiente, se mêle au goût iodé et légèrement sucré de la seiche.
Traditionnellement, il était servi par les pêcheurs après une longue journée en mer, car l’encre permettait de ne rien gaspiller de l’animal. Aujourd’hui encore, ce risotto demeure un symbole de convivialité, dégusté lors de repas familiaux ou dans les bacari, les petites tavernes vénitiennes.

Les strangolapreti sont des gnocchis rustiques du Trentin-Haut-Adige, héritiers d’une cuisine paysanne sobre et nourrissante. Leur nom pittoresque, qui signifie littéralement « étrangle-prêtres », évoque la générosité des portions et la richesse du plat, censés rassasier même les appétits les plus robustes.

Ils sont confectionnés à base de pain rassis, d’épinards et de fromage, ingrédients simples et disponibles dans toutes les maisons de montagne. Ces gnocchis verts, liés avec un peu de farine et d’œuf, se dégustent souvent nappés de beurre fondu et saupoudrés de fromage râpé, généralement du Trentingrana.

Symbole d’économie domestique et de lutte contre le gaspillage, les strangolapreti incarnent une cuisine familiale, rustique et chaleureuse, où chaque ingrédient raconte l’attachement profond des habitants à leur terroir alpin.

Le frico est l’un des plats les plus représentatifs de la cuisine du Frioul-Vénétie Julienne. Originaire des montagnes du Frioul, il trouve ses racines dans une tradition pastorale où rien ne devait être gaspillé. Ce mets humble et nourrissant témoigne de l’ingéniosité des habitants, capables de transformer de simples ingrédients en un symbole culinaire régional.

Le frico est préparé à base de fromage Montasio — un produit local datant du Moyen Âge — fondu et mélangé avec des pommes de terre et parfois des oignons. La cuisson à la poêle donne une galette dorée et croustillante à l’extérieur, fondante et savoureuse à l’intérieur. Selon les variantes, il peut être servi moelleux, presque crémeux, ou plus sec et croquant.

Traditionnellement, le frico accompagnait les repas des bergers, offrant une alimentation riche en énergie adaptée aux travaux en montagne. Aujourd’hui, il est devenu un incontournable des fêtes populaires et des trattorie du Frioul, incarnant l’authenticité d’une cuisine simple, généreuse et profondément enracinée dans le terroir.

Sublimes et singulières, les Dolomites fascinent depuis toujours. Le Corbusier les qualifiait de « plus belles architectures du monde », et l’UNESCO les a inscrites au patrimoine mondial en 2009. Ce massif unique de l’arc alpin s’étire entre la Vénétie, le Trentin-Haut-Adige et le Frioul-Vénétie Julienne. Autrefois appelées « montagnes pâles », elles doivent leur nom au géologue Déodat de Dolomieu.

Reliefs en dentelles, falaises abruptes et panoramas rappelant le Canada se découvrent à pied, à ski ou en voiture. Des écrivains comme Buzzati ou Rumiz ont immortalisé la magie de ces paysages dominés par des emblèmes tels que les Tre Cime di Lavaredo ou les Cinque Torri, tandis que les lacs de Braies, Misurina ou Dobbiaco se parent l’hiver de glace et de neige, offrant des tableaux inoubliables.

En saison froide, les Dolomites deviennent un paradis de glisse. Le forfait Dolomiti Superski ouvre 30 stations et des centaines de kilomètres de pistes. Cortina d’Ampezzo, hôte des Jeux olympiques d’hiver 2026, en est la vitrine. Les circuits Sellaronda et Grande Guerre comptent parmi les plus célèbres au monde. Expérience insolite : se faire tracter par des chevaux Haflingers à Armentarola.

Au-delà de la nature, c’est un territoire de culture. Terre ladine, le massif cultive sa langue, ses costumes et ses savoir-faire : bijoux en argent, sculptures en bois, peintures décoratives…

La gastronomie reflète ce métissage entre influences germaniques et italiennes : knödel, goulash, pasta, sans oublier la cuisine étoilée qui illumine le Haut-Adige et le Trentin. Sur les pistes, l’événement « Sciare con gusto » permet de goûter aux créations de grands chefs dans des refuges d’altitude. On y déguste aussi vins blancs raffinés (gewürztraminer, riesling) et rouges autochtones (lagrein, teroldego), accompagnés de speck ou de fromages d’alpage.

Entre sommets vertigineux, culture vivante et plaisirs gourmands, les Dolomites offrent une expérience totale : un voyage où l’Italie se révèle sous un visage inattendu, puissant et envoûtant.

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